Le déplacement à Sète en 2030

automobile

Imaginons…
Depuis que Sète Agglopôle Méditerranée a mis en œuvre TransSète, un ensemble diversifié de solutions visant à une réduction drastique de l’usage de
l’automobile en ville, et ce dès le changement de majorité municipale en 2026, la circulation dans Sète et ses environs a changé du tout au tout.

19h21 – La séance de cinéma est à 19h45. 
C’est simple pour Karim : il habite près du centre-ville.
Le réseau y est dense, les fréquences aussi.

  • Un des principes de TransSète est que l’immense majorité de la population a une ligne de transport en commun à moins de 5 minutes.
    En centre-ville : une ligne à 300 m maxi, en moyenne à moins de 3 minutes.
  • Pour ce qui est des fréquences, TransSète annonce des temps d’attente moyens inférieurs à 4 minutes et rarement supérieurs à 8.
    En centre-ville : des passages toutes les 5 à 6 minutes en journée.
  • Et une application sur smartphone pour proposer le meilleur départ …

Karim tape l’heure d’arrivée et choisit l’adresse du ciné sur son portable
Deux options s’affichent : « départ 19h26 et arrivée 19h39 » ou « départ 19h37 et arrivée à 19h47 ».
Compte tenu des pubs en début de séance, il opte pour la deuxième.
S’affiche alors le trajet : départ 19h37, 3 minutes jusqu’à l’une des lignes centre-ville, 6 mn de bus, 1 mn à pied ensuite, 10 minutes en tout.
Et pour le retour, pas de problème, le service est assuré jusqu’à minuit.

  • C’est un des piliers de TransSète : pour concurrencer l’automobile, il faut non seulement être efficace en termes de temps total de transport mais aussi proposer le service sur une large plage horaire, week-ends compris.
  • Avant la mise en œuvre de TransSète, les horaires de lignes existantes démarraient vers 7h et s’arrêtaient à 20h, parfois sans service le dimanche. Le bus d’alors était majoritairement destiné aux gens qui vont au travail ou au collège le matin et rentrent avant 20h. Alors que ceux qui possédaient une voiture l’utilisaient pour faire les courses, aller au spectacle et le dimanche pour se promener en dehors de Sète.

Au cinéma, Karim doit retrouver ses amies Sandra et Lise, qui habitent un peu à l’extérieur, sur le Mont Saint Clair, un quartier fait d’impasses étroites.

  • TransSète l’avait annoncé : « une ligne de transport en commun à moins de cinq minutes pour tous ! ». Et la promesse est tenue pour elles …
  • Avec les habitants de leur quartier, elles ont l’usage exclusif d’un parking existant situé à proximité d’une des lignes périphériques.

Le trajet de Sandra et Lise est alors le suivant : 3 minutes de voiture jusqu’à une ligne de bus interconnectée avec les lignes centrales, 10 minutes de bus, correspondance comprise et de nouveau une minute à pied. Total 14 minutes, avec, ça tombe bien, un départ est proposé à 19h30.

  • Les correspondances entre lignes, un principe fort pour TransSète.
    • Avant un grand nombre de lignes (presque toutes) arrivaient à la gare.Cela permettait d’y arriver directement, la gare étant considérée à juste titre comme une destination importante. Mais tout le monde ne va pas à la gare et certains bus y arrivaient peu remplis.
    • En 2030, des correspondances existent entre les lignes périphériques et le réseau central, composé de courtes lignes à très haute fréquence.
      La correspondance, synchronisée, est rapide. De plus, la ligne périphérique étant moins longue, la fréquence de passages a pu être augmentée sans accroitre le nombre de bus.
      Cerise sur le gâteau : le temps total de trajet est raccourci, car, avant, les lignes faisaient souvent un détour en centre-ville avant d’arriver en gare.

22h – Sorti du cinéma, le groupe rencontre Luc et Marion, venant de s’installer à Sète, qui se posent des questions sur les transports.
– Pas mal TransSète pour sortir le soir, mais si on rentre après minuit ?

  • Tard la nuit, le volume de besoin est faible, des taxis (à prix fixe et modéré) suffisent.

 

Automobile ou autobus

 

– Et pour le transport des biens ?

  • Espaces aménagés dans les bus pour permettre le transport de colis même volumineux comme des caddies, bien pratique après les courses…
  • A l’instar des grandes surfaces, les livraisons sont gratuites au marché du mercredi : on descend à pied ou en bus avec son caddie, on le remplit, on le laisse au marché et on le récupère chez soi deux heures après.
  • Quant aux livraisons commerciales, on les autorise partout, tout le temps.

– Quid des cas où l’automobile est nécessaire ?

  • La voiture n’est pas interdite au centre-ville, même en zone piétonne.
    Le stationnement longue durée y est interdit, ce qui réduit l’intérêt de prendre sa voiture pour aller en centre-ville.
    La dépose-minute reste autorisée, ce qui règle la plupart des cas (personnes âgées, valises, colis…) et diverses exceptions sont prévues (déménagements, artisans, infirmières …)

    • ==> Un compromis acceptable qui décourage l’usage urbain de la voiture.
  • Les transports publics ont été développés là où ils sont utiles dans l’espace (zones d’activité diverses, écoles, hôpitaux, plages, terrains de sport) et dans le temps (service à la carte pour activités temporaires, spectacles etc…)
  • En parallèle l’Agglomération a encouragé les transports doux en multipliant les pistes cyclables et en les séparant des circuits piétons, avec une signalisation claire. Ainsi, les panneaux indiquent les distances « en temps de transport doux ».

– Et pour les déplacements extérieurs ?

  • L’Agglomération a installé des parkings relais aux entrées de la ville, à destination des extérieurs comme des habitants de Sète ou des touristes, qui, après avoir déposé leurs valises en ville, peuvent laisser leur voiture au parking et entrer en ville par bus ou navettes fluviales …
  • Avec des liaisons inter-villes publiques efficaces et un réseau public efficace à destination, prendre sa voiture pour de tels trajets perd son intérêt.

– Quid du coût du transport pour l’usager ?

  • Le transport urbain a un coût, qu’il soit public ou en voiture privée.
    Cependant, dès la dizaine de passagers, le bus coûte moins que la voiture.
  • Comme auparavant, la politique de coût a été de promouvoir la gratuité du transport pour les plus jeunes et les plus âgés, et pour les personnes sans ressources. Mais la gratuité pour tous n’a pas été à la base de la conception du système, c’est la qualité du service (fréquence, maillage, durée d’exploitation) qui l’a été.
  • Des bornes d’achat de billets ont été installées à chaque station de bus, qui ont permis de réduire considérablement le temps d’arrêt des bus aux stations.

– L’objectif de diviser par 5 à 10 la circulation automobile est-il réaliste ?

  • A Pontevedra (Espagne), 70.000 habitants, en 20 ans, de2000 à 2020, le trafic automobile a été divisé par 10.
    Mais Pontevedra n’a pas les mêmes caractéristiques que Sète.
    Là-bas, la ville est plate, pas de collines, ils ont insisté sur la marche à pied, avec parkings en bordure de ville et signalisation adaptée au piéton. Ici on a tablé à la fois sur le transport public et sur les déplacements doux.

1h30 du matin, déjà – Ils commandent leur taxi à prix fixe pour rentrer …

Vous avez aimé le voyage ? Ces quelques lignes sont tirées pour l’essentiel du texte de Gabriel du Roure intitulé « Voyage en Utopie » (mars 24), que j’ai adapté pour Sète pour le compte de Europe Ecologie Les Verts. Les idées exposées proviennent en grande partie d’un groupe de travail issu de Bancs Publics. Comme on le voit, elles n’ont aucun caractère utopique, elles sont techniquement et financièrement faisables et n’ont besoin pour être promues que de choix politiques clairs.

Marc Leroy

 


Annexe : l’automobile en chiffres

En moyenne :

  • 10.000 km par an et par voiture
  • 6 à 7.000 € par an et par voiture, 60/70 cts au km
  • 1 voiture pour un peu moins de 2 habitants
  • 3 trajets par jour, dont 40% de moins de 2 kms
  • Un peu moins de 1,5 personnes sur chaque trajet

Comparaison Bus ou Voiture ?

Un bus urbain (50 à 60 places) coûte environ 6€ au km, dont 4€ de personnel

  • Bus moins cher au km-passager dès la dizaine d’usagers
    En plus, il faut s’attendre bientôt à des bus sans chauffeur
    Un bus consomme 3 à 4 fois plus d’énergie qu’un véhicule particulier
  • Bus moins pollueur et moins consommateur dès 3 à 4 usagers
    Une voie est saturée (bouchon) dès environ 1000 voitures
  • Un bus de 30 personnes chaque 2 minutes ou 1000 véhicules à l’arrêt ?

Secteur automobile : France 10% du PIB, Allemagne 20%

Ces chiffres expliquent-ils la réticence des pouvoirs publics à repenser les systèmes de transports ?

  • Le bilan économique, énergétique, écologique ou pour l’espace occupé est pourtant sans appel.
  • La voiture électrique est une solution de dupes, car il faudra toujours produire l’énergie nécessaire et elle occupera toujours trop d’espace public
  • Bâtir d’onéreuses infrastructures urbaines pour voitures paraît alors aberrant

Au lieu de bus en site propre, réduisons la voiture et utilisons l’espace existant

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