Le changement climatique est un fléau majeur du 21 ième siècle, car il compromet l’habitabilité de la planète pour les générations futures. Nous écologistes luttons contre ce fléau, en appelant à modifier radicalement nos modes de production et de consommation. Mais le changement climatique s’impose à nous et est pour une large part prévisible.
Cela veut dire que nous devons évaluer la nature des changements et adapter les politiques publiques pour s’adapter à ces changements, et ce à toutes les échelles, planétaire, européenne, nationale, régionale et locale.
A l’échelle de notre ville, Sète, comme pour toutes les communes de France, il est possible d’évaluer les changements climatiques à venir grâce à un outil développé par Météo-France appelé Climadiag 1 . Climadiag évalue à l’échelle de la commune les changements de température et de précipitation entre les années 2000, prises comme référence, et, au choix, les années 2030, 2050, et 2100. Naturellement, plus l’horizon s’éloigne et plus les incertitudes des prévisions sont grandes, et l’on s’intéresse ici, par souci de simplicité, sur les changements attendus entre les années 2000 et les années 2050.
La température croît dangereusement avec le changement climatique
Le fait majeur, non entaché d’incertitude, est celui de l’élévation de température. A Sète, la moyenne saisonnière de la température sera en 2050 supérieure à celles de l’année 2000, de plus de 2° en été, de plus de 1,5° pour les autres saisons. La moyenne estivale en 2050 sera de l’ordre de 25°, contre 23° en 2000. Ces chiffres en soi ne sont pas alarmants, 25° n’est pas la fournaise, mais l’augmentation des températures moyennes s’accompagne d’une forte montée des risques d’évènements dangereux, qu’on en juge.
Entre 2000 et 2050 :
- Le nombre annuel de nuits chaudes passe de 40 à 75 (augmentation de près de 100 %). Une nuit est considérée comme chaude si la température de cette nuit ne descend pas en dessous de 20°.
- Le nombre annuel de jours avec risque significatif de feu de végétation passe de 30 à 40 (augmentation de plus de 30 %).
- Le nombre annuel de jours très chauds passe de 0 à 4. Un jour est considéré comme très chaud dans l’analyse de Météo-France si la température dépasse 35° au cours de la journée.
- Le nombre annuel de vagues de chaleur passe quant à lui de 0 à 3. Une vague de chaleur est définie par Météo-France comme un épisode estival d’au moins 5 jours consécutifs pour lesquels la température maximale quotidienne excède la normale de plus de 5°.
Tous ces indicateurs ont un lien direct avec la santé humaine. Les nuits trop chaudes, les jours trop chaudes, les vagues de chaleur sont sources de déshydratation et sont à risque
pour les personnes fragiles. Dès lors les politiques publiques doivent en tenir compte. Il est essentiel d’éviter les îlots de chaleur en ville. L’habitat doit être profondément repensé pour lutter contre les chaleurs trop fortes. Les forêts environnantes doivent être davantage entretenues pour lutter contre les risques de feux.
Un risque accru de submersion marine
L’élévation du niveau de la mer à Sète est évaluée à entre 20 et 30 cm entre 2000 et 2050.
C’est une évolution importante. Les risques de submersion marine seront accrus très significativement par temps de fortes houles. Le cordon dunaire le long de la plage du Lido a de fortes chances de disparaître, avec d’énormes conséquences pour le transport routier et ferroviaire. L’habitat de Frontignan Plage ou du quartier de Villeroy sera menacé.
Grande incertitude sur l’évolution des précipitations
Les modèles de prévision du climat qu’opère Météo-France ne prédisent pas que la température, ils prédisent également d’autres variables géophysiques et notamment les précipitations. Les prévisions sont naturellement entachées d’incertitudes, par le fait que les modèles ne décrivent pas parfaitement les échanges d’énergie et d’eau entre les surfaces continentales, l’atmosphère et les océans. Mais les incertitudes sont quantifiées. On sait par exemple que les incertitudes sur l’évaluation de la température, ou du niveau de la mer, sont faibles. En revanche, l’incertitude sur l’évolution des précipitations est importante.
Ainsi, le cumul des précipitations saisonnier est, en moyenne sur les prévisions faites, à peu près égal en 2050 à ce qu’il est en 2000. Par exemple, le cumul de précipitations est en été des années 2000 de l’ordre de 77 mm. Il est estimé en 2050 à 71 mm, mais les bornes inférieure et supérieure de l’intervalle de confiance sont respectivement de 56 mm et de 86 mm. De sorte qu’on ne peut dire aujourd’hui avec certitude s’il y aura plus de pluie, ou moins de pluie en été 2050 qu’en été 2000. De grandes incertitudes existent aussi pour les autres saisons.
Mais la conception des politiques publiques doit prendre en compte ces incertitudes et, par le principe de précaution, prévoir le cas de situations défavorables d’accroissement du risque
de sécheresse.
Une ville plus difficile à vivre pour ses habitants, plus attrayante pour les touristes Sète se réchauffe … Même si la température sera plus clémente en hiver, l’élévation de température estivale rendra la vie globalement plus difficile aux habitant(e)s de Sète en 2050 qu’elle ne l’était dans les années 2000. A moins que des politiques publiques efficaces soient mises en œuvre pour tempérer les effets du réchauffement.
Mais une des conséquences du changement climatique sera de renforcer l’évolution de Sète vers un destin de station balnéaire, car le nombre de jours estivaux, auquel le tourisme est très sensible, va croître, avec une évolution annuelle attendue de 85 jours estivaux dans les années 2000, à environ 120 jours estivaux dans les années 2050. Un jour étant considéré comme estival si la température maximale quotidienne atteint 25 °C. L’attractivité de la ville devrait donc ne pas faiblir, mais les politiques publiques doivent prendre garde à ne pas céder à la tentation du surtourisme, dévastateur pour les habitants qui ne peuvent plus se loger correctement.
Marc Leroy
1 Climadiag : https://meteofrance.com/climadiag-commune