Courrier concernant l’odonymie à Sète adressé mi mars 2023 au Maire et à ses adjoints
Proposition pour dénommer des rues et d’autres lieux en honorant des femmes à Sète
Mr le Maire, Mr Vincent Sabatier,
je me permets de revenir vers vous concernant l’ odonymie dans notre ville de Sète, en ce jour suivant le 8 Mars, journée Internationale de la défense des droits des femmes.
Comme je l’ai déjà rappelé en conseil municipal à plusieurs reprises lors de cette mandature, le nombre de rues et autres lieux de sète qui portent le nom de personnalités féminines est particulièrement réduit (moins de 10 noms actuellement). Beaucoup trop réduit pour être représentatif de la place réelle des femmes dans l’histoire de la ville et même de la nation.
Avec Madeleine Estryn, malheureusement disparue, j’avais eu l’honneur de porter à plusieurs reprises la demande de nommer ou renommer certaines rues du nom de femmes sétoises, ou non sétoises, particulièrement remarquables par leurs actions et l’impact positif qu’elles ont pu avoir sur la société.
J’avais notamment suggéré, pendant la crise COVID, d’utiliser la création d’une nouvelle ZAC à l’entrée EST de la ville pour dédier tout un quartier aux femmes qui évoluaient en première ligne pendant cette crise : infirmières, aides soignantes, aides à domicile, médecins, enseignantes, caissières, etc.
En fin d’année 2022, constatant que les dénominations attribuées aux premières voies du quartier ZAC EST n’avait de nouveau rien de féminin, j’ai rappelé cette nécessité de féminiser notre Odonymie locale.
Ce à quoi il m’a été répondu, par Mr Sabatier, qu’il était possible de proposer des noms, sous la forme d’une liste, qui serait étudiée et je l’espère utilisée.
Je profite donc de la célébration de la journée internationale du droit des femmes pour vous proposer la liste ci-après.
Elle n’a pas vocation à être exhaustive, mais constitue une bonne base pour, au minimum, doubler voire tripler le nombre de noms féminins attribués jusqu’à présent.
Ces noms sont répartis en 2 catégories :
- les sétoises ou personnalités ayant vécue à Sète
- les femmes remarquables qui n’ont pas de lien avec notre ville, mais mérite une reconnaissance auprès de toutes et tous
Une troisième catégorie de dénominations peut s’adjoindre aux deux premières : il s’agirait de célébrer publiquement des métiers, corporations ou groupes entiers, qui ont œuvré pour le développement et la qualité de vie de notre ville.
En effet, il n’échappera à personne que nous célébrons ici ces communautés lorsqu’elles sont masculines, mais rarement lorsqu’elles sont féminines. Exemples :
rue des pêcheurs, rue des marins, impasses des poètes, places des combattants d’afrique du nord, pont des dockers, Rue du marinier, Traverses des barreurs, des rameurs, des jouteurs, des pêcheurs…
On pourrait donc imaginer de même des rues célébrant plutôt des activités et métiers majoritairement féminins, tels que cités plus haut.
D’ailleurs, il existe aussi une opportunité qui ferait probablement consensus chez les sétoises et sétois : celles de célébrer conjointement plusieurs sétoises qui se sont illustrées en tant que résistantes, et de grandes figures de la résistance Nationale féminine (Geneviève De Gaulle Anthonioz, Lucie Aubrac, Joséphine Baker…), dans une même volonté de reconnaissance. Donc en renommant les rues d’un même quartier (voir exemples en France à la fin de ce document).
J’ai toute confiance en votre volonté d’aller dans le sens d’une plus juste reconnaissance de la place historique des femmes dans notre ville et dans notre pays. Je souhaite donc que cette liste contribue à cette démarche.
Je vous adresse comme il se doit mes salutations républicaines,
Laurent HERCE
1 – Quelques femmes sétoises particulièrement remarquables pour l’odonymie sétoise :
Josette SAINTE MARIE
Chevalier de la Légion d’honneur, scientifique, ancienne présidente d’une association départementale en faveur des droits des femmes.
Éliane BEAUPUY-MANCIET
Lauréate du prix de Rome en peinture,1947. Résistante.
Elle s’installe en 1956 à Sète, où son époux exerce une activité d’ostréiculteur, et où elle enseigne son art dans ce qui est devenu l’école des beaux-arts de Sète, dont elle est la fondatrice et directrice de 1962 à 1987. Professeur de Hervé Di Rosa et Robert Combas, entre autres.
Valentine SCHLEGEL, née le 23 novembre 1925 à Sète et morte le 16 mai 2021 à Paris, est une sculptrice et céramiste française.
Jeanne CAZALIS
Décorée de la croix de guerre, résistante, fondatrice d’une société de gymnastique féminine à Sète
Yolande THEULE BACQUET (toujours en vie ?)
(née Yolande Theule le 27 mars 1925 à Sète), résistante française. Elle est promue au rang de chevalier de la Légion d’honneur.
Andrée BES (toujours en vie ?)
Andrée Bes, épouse Astier, est née le 20 mai 1919 à Sète
Résistante sous le nom “Lucie de la défense”.
Capturée en août 1943, torturée, internée à la prison de Fresnes, puis déportée à Ravensbrück.
Médaille de la résistance, Médaille militaire, Officier de la légion d’honneur
https://www.midilibre.fr/2021/08/22/sete-le-parcours-dune-grande-resistante-andree-bes-9745445.php
2 – Des femmes françaises à qui il convient de rendre hommage :
(ces noms sont choisis volontairement parmi les personnalités les plus célèbres et qui dénomment déjà de nombreuses rues et lieux en France (odonymie) )
Olympe de Gouges
Marie Gouze, dite Olympe de Gouges, guillotinée le 3 novembre 1793 à Paris, femme de lettres française, devenue femme politique. Considérée comme l’une des pionnières françaises du féminisme.
Geneviève De Gaulle Anthonioz
Ancienne résistante et déportée, présidente d’ATD Quart Monde pendant 34 ans, l’une des seules femmes au Panthéon.
Marie CURIE
Physicienne et chimiste, double prix Nobel (Physique et Chimie)
Joséphine BAKER
Freda Josephine McDonald, dite Joséphine Baker, chanteuse, danseuse, actrice, et résistante, présente au Panthéon.
Gisèle HALIMI
Récemment honoré par Mr Macron (8 mars 2023), avocate, militante féministe et femme politique franco-tunisienne
Simone DE BEAUVOIR
philosophe, romancière, mémorialiste et essayiste française.
Sidonie Gabrielle COLETTE
femme de lettres, actrice et journaliste française
Camille CLAUDEL
sculptrice française.
Georges SAND
romancière, dramaturge, épistolière, critique littéraire et journaliste française.
Jacqueline de ROMILLY
Jacqueline Worms de Romilly, plus connue sous le nom de Jacqueline de Romilly, née Jacqueline David le 26 mars 1913 à Chartres et morte le 18 décembre 2010 à Boulogne-Billancourt, est une philologue, essayiste, traductrice et helléniste française.
3 – Pour de plus amples recherches et suggestions, on consultera avec intérêt :
Les femmes françaises prix Nobel :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_Fran%C3%A7ais_laur%C3%A9ats_du_prix_Nobel
Les femmes françaises au Panthéon :
voir ici : https://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/qui-sont-les-femmes-celebrees-au-pantheon-1367465
Les femmes grand-croix de la Légion d’Honneur.
(on trouve la liste exaustive des décoré(e)s ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_grands-croix_de_la_L%C3%A9gion_d%27honneur)
Les femmes décorées de la légion d’honneur à différents grades :
https://www.legiondhonneur.fr/fr/page/recherche-de-decore/102
Les femmes emblématiques de la révolution française :
4 – A noter aussi quelques évènements et exemples récents :
A Lille, tout un nouveau quartier, le Bois-Habité, est doté exclusivement de noms féminins.
https://www.tf1info.fr/societe/video-feminisation-des-noms-de-rue-ou-en-sont-les-municipalites-paris-lille-nantes-2195267.html
A Rouen, la municipalité a décidé de ne choisir que des noms de femmes illustres pour les rues et places du futur quartier Flaubert :
A Bonneuil sur Marne, 80 noms de rue vont être attribués à des femmes :
Définition de l’Odonymie :
L’odonymie est la branche de la toponymie qui s’intéresse aux noms de voies, notamment rues, avenues, boulevards, impasses, etc., et plus généralement aux noms d’espaces publics ouverts (places, esplanades, squares, etc.) voire, au sens le plus large, à l’ensemble des noms d’espaces publics (établissements scolaires, bibliothèques, stades, etc.). Le terme vient du grec hodos, route.
L’odonymie n’est pas un donné mais un construit : les noms donnés aux espaces publics reflètent la culture d’une société donnée. Cette culture évoluant à un rythme différent de celui des odonymes (certains noms de rue peuvent ainsi dater de l’époque médiévale), une dissonance peut se faire jour. C’est le cas par exemple de personnages historiques célébrés à une époque avant d’être honnis ultérieurement (esclavagistes nantais, bristoliens ou antillais, députés républicains français ayant soutenu la colonisation, ou encore militaires sudistes aux États-Unis). Inversement, certaines figures sont célébrées aujourd’hui après avoir été condamnées de leur vivant. Ainsi, l’odonymie d’aujourd’hui reflète-t-elle la place des femmes et des minorités dans des sociétés passées, en tout cas telles que ces sociétés se voyaient elles-mêmes, ce qui justifie un débat sur l’opportunité de la modifier pour qu’elle reflète davantage les préoccupations actuelles d’inclusion. Jean Rieucau (2021) relève que sur 33 % d’odonymes portant des noms de personnalités en France, seuls 6 % sont celui d’une femme.
définition tirée de la page du site Géoconfluence